Une charte de l'arbre à Roubaix...
Publié le 19 Juin 2011
Enfin la Ville de Roubaix a élaboré une charte de l'arbre. Il a fallu des années pour enfin doter une ville qui s'honore du grand prix national de l'arbre d'un certain nombre de principes visant à protéger et valoriser l'arbre en Ville. Trop souvent, et malgré un patrimoine arboré remarquable, la municipalité a malheureusement procédé à des abattages et à des aménagements en contradiction avec une véritable ambition en faveur de l'arbre. Gageons qu'enfin une nouvelle approche prévaudra : plus de concertation avec les roubaisiens, plus de volonté pour planter et mettre de la nature en ville à la hauteur des besoins humains d'une cité très dense et qui veut "respirer"...
Ci-dessous détails, positions des écolos et contenu de mon intervention au conseil municipal de Roubaix le 14 avril.
Photo: le boulevard du Général de Gaule comme vous ne poures plus le voir, tous les arbres ont été abattus et replantés par de jeunes sujets. rendez-vous dans dans 30 ans ... Etait-ce une priorité ?
"Cela fait longtemps que le groupe des Verts au Conseil Municipal défend la place de l’arbre en ville, se bat contre les abattages d’arbres que l’on découvre trop souvent par le chant des tronçonneuses, rarement par celui plus honorable de la concertation ou du dialogue ;
Nous dénonçons les mauvais traitements infligés aux arbres par des entreprises d’élagage incompétentes, nous relevons les tristes habitudes prises par nos concitoyens de se garer au pieds des arbres, prenant la place des piétons et tassant le sol portant atteinte à la santé des arbres.
Enfin nous regrettons la pauvreté des espaces extérieurs des ensembles HLM, où l’indigence des pelouses livrées aux chiens constitue un manque de respect et d’attention à l’égard des habitants et un triste abandon des enjeux de la biodiversité.
C’est l’occasion encore de rappeler l’ambition que chaque roubaisien porte à l’égard du Parc Barbieux, remarquable arboretum, qui a besoin d’une requalification de plus en plus urgente.
Nous avons exprimé notre regret de l’absence de politique d’inventaire des arbres remarquables et de protection au titre du Plan Local d’Urbanisme, au regard de l’ambition – à qualité bien moindre que ce qui existe dans beaucoup d’autres communes de la métropole, malgré notre remarquable patrimoine.
Trop longtemps, la politique de l’arbre en ville a été gérée de façon technique, sans être considérée comme un élément de l’écologie urbaine indispensable à notre bien-être sanitaire et psychologique, un bien commun.
Cela fait longtemps que nous réclamons une politique de plantation, et non pas d’abattage-replantation, c'est-à-dire une politique de développement du patrimoine arboré.
Nous ne cautionnons pas que des choix esthétiques, par essence discutables, prédominent au détriment des enjeux de protection du patrimoine arboré existant, parfois au mépris de la loi, comme ce fut le cas lors de l’abattage des platanes centenaires de la place des martyrs.
Nous ne cautionnons pas que des arbres non malades et non matures soient abattus pour de jeunes plantations comme ce fut le cas récemment encore Boulevard de Reims.
Nous estimons que dans certains cas, il y a une mauvaise utilisation de l’argent public, que des rénovations de patrimoine arboré non obligatoires se font au détriment des besoins de plantation et d’enrichissement de la nature en ville.
Nous ne sommes pas dupes quand en dernier recours on nous certifie que les arbres sont malades, et nous savons faire la part entre une réalité parfois avérée et un mauvais prétexte.
Nous tenons à établir, car la question nous a été posée, que le passage avenue Motte et prolongement, d’une ligne de bus haute qualité, type Liane, est possible sans que l’on touche aucunement aux alignements arborés historiques.
Je rappelle les besoins et les attentes de la population roubaisienne : l’accès aux espaces verts, le sentiment de verdure est une impérieuse nécessité dans une ville aussi dense, minérale et parfois vétuste que Roubaix.
Faut-il rappeler les chiffres : Cologne 70 m² d’’espace vert /hab, Bruxelles 26 m², moyenne Française entre 20 et 25 m², Communauté Urbaine de Lille 15 m², Ville de Roubaix 7 m² et quartier du Pile 1 m². 1 m² !!
La charte de l’arbre soumise au Conseil développe l’ensemble des bienfaits sociaux, écologiques, bioclimatiques, sanitaires, de bien-être qu’apportent les arbres. Nous sommes contents que cela soit désormais établi.
Ainsi la lutte contre la pollution et la captation des microparticules cancérigènes, l’effet bioclimatique, l’effet psychosocial et de bien-être.
Je voudrai juste signaler ainsi une étude menée aux Pays-Bas en 2009 sur 10 000 individus qui démontre le lien entre le manque d’espace verts et le sentiment de solitude, le manque de lien social.
Même si encore aujourd’hui, pour certains l’arbre est perçu comme une concurrence aux places de parking. L’arbre humanise la Ville, il nous humanise.
C’est dire que cette charte arrive enfin, qu’il était temps, mais qu’elle ne clôt pas la nécessité d’une démarche volontariste et quotidienne en faveur de l’arbre.
La charte comporte énormément d’attendus satisfaisants En terme de développement durable, l’attention portée aux labels de qualité et au choix de pépinières situées dans un rayon de 300 km est important tant pour l’empreinte carbone que pour la cohérence du cadre géoclimatique favorable ; de même l’effort promis en faveur de la classification des arbres remarquables ou le recours à la taille douce.
Restent 2 points plus problématiques :
- D’abord, la charte évoque la coopération partenariale, oui la Ville de Roubaix doit être tête de file et entrainer les autres maitres d’ouvrage sur des démarches de qualité, les bailleurs en 1er lieux dont les marges de progrès sont énormes. Mais on ne peut se contenter de conseiller sur « demande » comme le prévoit la charte, on a besoin d’une ville pro-active, à mon avis ceux qui assurent les tailles sauvages ou mutilantes ne vont pas venir spontanément vous demander des conseils. Pourquoi tant de frilosité ?
- deuxièmement, il y a un engagement de la ville à sensibiliser la population et a expliquer ses choix. C’est très insuffisant : on parle de justifier l’action, entre guillemet « déjà décidée », notamment dans le cadre de chantier, pour « éviter conflit et polémiques auprès des riverains ». Ce n’est pas ce que l’on attend. On n’est pas à la hauteur des enjeux, on n’est pas concerné que par les arbres de sa rue mais par un patrimoine collectif de tous les roubaisiens, on doit dialoguer et s’enrichir de l’avis de tous avant toute décision sinon cela ne sert à rien, cela nourrit juste la défiance.
Mais enfin, on parle de charte vivante, évolutive, et de mettre en place un comité d’évaluation. Alors, nous en prenons acte, les progrès sont possibles, vous aimez Mr Le Maire parler avec humour de votre acceptation au purgatoire écologique, la charte vous permet d’y entrer, avec quelques ambitions sincères de plus et notre vigilance qui sait si vous ne pouvez pas espérer plus… C’est en ce sens que nous voterons cette charte comme une étape et un espoir."