Enjeu du temps présent, les villes durables en Europe...

Publié le 19 Mai 2010

Myr-Cau-mai-2010-Dunkerque-Conf.jpgLe réseau des Villes durables est né avec l'adoption de la charte d'Aalborg en 1994. Depuis régulièrement, le réseau organise des conférences internationales afin de faire avancer les engagements pris au sommet de Rio en faveur du développement durable. Pour la 6ème conférence, plus de 1000 personnes représentants les autorités locales de toute l'Europe (villes, régions...), des ONG, des organisations internationales, des entreprises, des chercheurs se sont mobilisées à Dunkerque pour appeler à relever le défi des villes durables dans le contexte peu satisfaisant de l'après-Copenhague. Pour la Région Nord Pas-de-Calais, je suis intervenue lors de la séance plénière de démarrage du 19 mai 2010.

  

6ème Conférence Européenne des Villes Durables

Myriam Cau, Vice-Présidente au Développement Durable, à la Démocratie Participative et à l’évaluation

 

> Je remercie Mr Michel Delebarre, député Maire de Dunkerque et Président « engagé » du comité des Régions d’Europe et toutes les personnes ici présentes pour cette 6ème conférence européenne des villes durables.

 

Je suis extrêmement honorée de vous accueillir ici en Nord Pas de Calais au nom du Président Daniel Percheron dans une région de vieille industrie façonnée par le travail et l’endurance, sur un territoire qui a longtemps été un modèle de développement non durable. 2 tristes symboles en témoignent : nous concentrons la moitié des friches industrielles de France, et  nous avons en record les pires indices de santé.

 

Mais vous êtes aussi dans un territoire de culture où la principale richesse réside dans l’humanité et la qualité de ses hommes et de ses femmes. Ce territoire qui a connu les guerres et les difficultés des reconversions économiques, a décidé depuis toujours de se prendre en main.

 

En tant qu’autorité locale, le conseil Régional Nord Pas de Calais revendique de composer son destin avec la diversité de ses territoires. Nous voulons trouver dans le Développement Durable un champ d’innovation pour retourner des  situations à priori défavorables.

 

> Aujourd’hui, tous ici rassemblés, nous représentons une force et l’espoir de construire une alternative compatible avec la préservation de la planète et de notre propre préservation.

 

Face au désenchantement qui nous guette après le sommet de Copenhague,

face à un contexte particulier en France : une déception sur la
concrétisation effective des engagements du Grenelle,
des formes de recentralisation étatique qui se profilent
avec la réforme institutionnelle,

nous ne pouvons douter de notre responsabilité.

 

Nous sommes porteurs et redevables de proposer, d’agir et de consolider mutuellement nos actions. Partout nous pouvons montrer par l’exemple, les choix du développement durable, anticiper la société post carbone, préserver nos équilibres vitaux de biodiversité, réduire les inégalités, prouver notre solidarité dans un monde où les catastrophes à venir dans les pays du sud n’épargneront pas l’Europe.

 

Nous avons 3 jours d’échange pour nous confronter au gigantesque défi de créer des villes durables.

 

Soyons convaincus que la question urbaine de la ville durable est l’enjeu de ce siècle.

- Si nous ne sommes pas capables de retenir dans nos villes les habitants, sur un modèle de ville dense et accessible financièrement, une ville compacte qui préserve des espaces de tranquillité et de calme, nous grignoterons toujours plus nos terres agricoles, nos espaces naturels, nos ressources en eau.

- Cette ville est à construire par le lien, le gout de l’autre et la culture, c’est une ville qui prend au creux de  sa main la question des inégalités et de la ségrégation spatiale des quartiers.

- Dans cette ville la nature est présente, non pas comme un décor mais comme une contribution essentielle à l’écosystème urbain, elle cultive la sobriété comme notre rapport même à la vie.

- Si nous ne savons pas faire cette ville durable et librement consentie, nous entérinerons la folie d’un monde où la mobilité en excès façonne un espace pour la voiture qui n’est ni vivable, ni viable.

 

Si l’on n’a jamais autant emprunté les mots du Développement Durable, il faut reconnaître que nous n’avons pas encore infléchi un modèle de développement dominant qui reste destructeur. En France, c’est l’équivalent de la surface d’un département qui tous les 10 ans disparaît sous l’urbanisation. Aujourd’hui la conjugaison et l’urgence des crises écologiques, économiques et sociales ne permettent plus de seulement aménager le modèle à la marge.

 

> Quelques points importants constituent l’expérience que je souhaite vous partager pour notre Région :

 

1/ Nous avons engagé en Nord Pas-de-calais, des actions concrètes de modélisation et de diffusion de l’habitat et de l’urbanisme durable ; tout un réseau d’acteurs travaille sur l’ingénierie et sur la place des habitants dans des processus démocratiques de production urbaine. Nous soutenons la création des écoquartiers avec plus d’une dizaine de projets en cours sur le Nord Pas-de-Calais. Nous le faisons pour former le corpus d’une exigence irréversible de la production urbaine du futur.

 

2/ Nous avons aussi engagé avec l’Etat au titre de l’ANRU un chantier sans précédent de renouvellement urbain : 1,4 Mds d’€ investis sur 5 ans dans nos quartiers prioritaires pour lutter contre la ségrégation urbaine, rebâtir la ville sur la ville, encourager la reconstruction et la réhabilitation de logements à hautes performances énergétiques.

L’enjeu du renouvellement urbain, c’est aussi celui complexe et mal appréhendé de la mutation de la ville existante, avec sa densité historique et ses quartiers anciens, avec ses milliers de logements passoires thermiques. Le 20ème siècle a aussi organisé des villes au tissu trop lâche, autour d’une séparation des fonctions urbaines, une ville mal préparée aux besoins de l’autonomie de son approvisionnement et du traitement de ses déchets, des territoires urbains fragiles dans leur robustesse face au changement climatique.

 

3/ J’en arrive au point de la ville face au changement climatique.

 

Dans le monde, les territoires urbains contribuent pour plus des 2/3 à la consommation mondiale d’énergie : c’est dire si le poids des villes dans la crise climatique est majeur. Notre objectif est de diviser par 4 les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050. Même dans les hypothèses les plus favorables, les innovations technologiques ne devraient permettre à elles-seules que d’atteindre 40 à 50% de l’objectif.

 

En région Nord Pas-de-Calais, nous agissons : nous avons mis en place un plan climat régional, il se décline en plans climats territoriaux. Nous luttons contre l’étalement urbain à travers une directive régionale d’aménagement du territoire sur la périurbanisation. Nous ne pouvons le faire que parce que de nombreux acteurs acceptent de travailler ensemble et de conjuguer leurs efforts.

 

> Pour conclure,

 

Quelle est notre ambition et notre pouvoir d’action face à l’énorme inertie des systèmes urbains ? Quelle sera notre capacité de résilience si des équilibres nous échappent ? Nous savons bien qu’un changement d’échelle est indispensable.

 

C’est pourquoi, à notre mesure, nous avons décidé d’engager la transformation écologique et économique de notre Région en nous dotant au Conseil régional d’une mission transversale sous la responsabilité de JF Caron rattachée directement au Président de région, nous voulons faire converger toutes nos politiques sur cet objectif.

 

Toute la société est appelée à se mobiliser, chaque habitant à reconsidérer son mode de vie, la question de la ville durable est aussi celle d’un imaginaire collectif à reconstruire sur une hiérarchie différente des valeurs.

 

Les citoyens détiennent 50% des réponses face aux enjeux d’adaptation, au-delà de notre obligation de pédagogie, nous autorités locales avons une responsabilité lourde à faire de cette question un véritable enjeu de démocratie et de culture, car nous n’obtiendrons rien, ne réussirons rien si nous ne plaçons pas la question du sens de notre action au cœur du dialogue avec les citoyens.

 

En 2006, l’appel de Dunkerque avait insisté  sur la gouvernance participative comme fondement d’un nouveau modèle territorial de développement, il s’agissait aussi de montrer l’existence d’un espace européen démocratique en le construisant au plus près de la vie réelle des territoires. Cela valait d’être rappelé.

 

 « les primevères et les paysages ont un défaut grave : ils sont gratuits. L’amour de la nature ne fournit de travail à nulle usine » Aldeous Huxley

C’est de cela dont nous souffrons encore, on ne fera mieux qu’en reconsidérant le sens de la richesse et la hiérarchie des valeurs. Encore aujourd’hui, l’ironie du  « meilleur des mondes » nous touche : on ne peut réfléchir l’homme sans la nature ou la nature sans l’homme.

 

 

http://www.dunkerque2010.org/index.php?id=10&L=1

Rédigé par myriamcau.over-blog.fr

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